Avez-vous déjà tenté l'expérience de la Rue Nat', à Villefranche sur Saône, le dernier dimanche de janvier, aux alentours de 8h du matin ? Même si l'hiver bat son plein et que les températures n'incitent pas à pointer son nez à l'extérieur, il y a une incroyable chaleur qui frémit au sein de la Rue Nat au moment où le soleil se lève et arrose de ses doux rayons les pavés du centre de la Calade. La ville est encore endormie, même si au loin résonnent les cors qui réveillent les Présidents de Classe de Conscrits de l'année. La Rue Nat', à ce moment de la matinée, est encore paisible, il y a une béate quiétude qui parfume le bitume, et même les banderoles qui la jalonnent donnent l'impression que tout est figé dans une tranquille éternité. Découvrez la Rue Nat' à ce moment-là de l'année, à cette heure de la journée, vous comprendrez... Et puis il y a l'expérience de la Rue Nat', toujours en ce dernier dimanche de janvier, aux alentours de 11h. Le soleil est déjà haut dans le ciel, et s'il est avec les Conscrits, il affiche un sourire lumineux. Les trottoirs sont noirs de monde, et le frémissement du matin devient un crépitement prêt à éclater. Les Fanfares sont des sorties, les smokings et les gibus aussi, et même si les voix subissent l'érosion après deux jours et deux nuits de fête, les chants se préparent à couvrir les applaudissements. Alors, oui, pour les personnes extérieures à cette fête d'un autre temps, mais qui a traversé les époques, il y a du bruit, des pétards, des tambours qui empêchent de faire la grasse matinée, il y a un centre-ville qui est bouché et qui est soumis aux aléas de ces énergumènes en smoking qui se croient les rois du monde, il y a tout pour casser la routine quotidienne et la vie paisible de cette petite bourgade de province. Maintenant, mettons de côté cette liste (non exhaustive ?) de défauts, et regardons les spectateurs qui ont fait l'effort d'éteindre leur télé pour venir assister à cette communion annuelle entre ses habitants. Observez tous ces sourires, tous ces regards qui brillent. Les jeunes y voient leur futur plus ou moins proche, les moins jeunes s'y remémorent leurs anciennes folies. Hommes, femmes, enfants, adultes, tous admirent le spectacle offert, gratuitement s'il vous plaît. Faites l'expérience de cette Rue Nat', un dimanche de fin janvier... Mais surtout, à vous, les hommes de la Calade et des environs, et d'ailleurs aussi (on n'est pas sectaire, comme certains cherchent à le faire croire), faites l'expérience de la Rue Nat' de l'intérieur. Vêtu d'un smoking, écharpe et gants blancs, gibus vissé sur la tête et auréolé d'un ruban qui marque votre entrée dans une nouvelle ère, vous découvrirez la Force que déploie en vous ce costume. Les quelques heures de sommeil et les coupes de champagne n'auront plus d'effet sur vous à ce moment-là, quand la fanfare qui vous ouvre la voie fait résonner sa musique. Si le début du voyage est plat, lorsque vous approchez de la fameuse cuvette, vous comprenez pourquoi on appelle ça "la Vague". Avant de faire ses va-et-viens de gauche à droite, elle déferle d'abord dans le coeur du Conscrit. C'est une ivresse sans alcool qui explose dans toutes les artères. C'est une décharge d'euphorie qui vous galvanise comme jamais et qui vous fait remercier la Vie. Une fois que cette Vague a déferlé dans le coeur du Conscrit, elle se retire en douceur pour qu'il puisse prendre conscience du spectacle qui l'entoure. Car le spectacle n'est pas qu'au coeur de la Rue Nat', il est aussi sur ses trottoirs. Le Conscrit découvre alors tous les sourires des spectateurs. Ce sont comme des bulles de champagne qui viennent caresser le palais. Ce sont surtout des diamants qui brilleront pour toujours dans les souvenirs du Conscrit... L'expérience de la Rue Nat', c'est à la fois tous les ans et tous les dix ans. Mais c'est à vivre au moins une fois... Crédit Photo Mairie Villefranche-sur-Saône, 25 janvier 2020
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April 2024
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